La démarche du photographe est aussi et, bien évidemment, une catharsis. En effet, il est bon de rappeler que Joel Peter Witkin et son frère Jérôme sont des survivants de triplés. L'enfant qui décéda, sa sœur, le hante toute sa vie.

Des cadavres de fœtus ou d'enfants sont parfois présents dans l'œuvre de Joel Peter Witkin. Ils sont comme des réparations symboliques de la perte de sa sœur.

Dans un poème, il s’interroge:

« Avons-nous, mon frère et moi, dans ces entrailles, dans cette distance de l'eau noire / Entendu le cri parmi les étoiles? Avons -nous vu la main qui fit tournoyer nos eux? / déchirant l'espace qui était le sien? »

Witkin prête une magie astrale aux cadavres. En 1982, il fixe la dépouille d'un vieil homme. Ce dernier est décapité et sa tête a été séparée en deux par des anatomistes. Joel Peter Witkin prend alors les deux moitiés qui constituent désormais des profils distincts et les place face-à-face, les faisant s'embrasser.