Qu'est-ce que le Murderabilia ?
Publié dans Chroniques, écrits
En France, le phénomène du « murderabilia » est quasi-inexistant. Cependant, en 2002, la publication du livre de Patrick Henry, sur lequel il avait touché une avance de cent mille euros, provoqua une vive polémique sur la faculté des criminels à percevoir des droits d'auteur.
Publié par Albin Michel, ce livre sortit le 12 novembre 2002 sous le titre « Avez vous à le regretter ? » alors qu'il devait s'appeler initialement « Vous n'aurez pas à le regretter ». Son auteur, alors en liberté conditionnelle, avait été arrêté en Espagne le 5 octobre 2002 en possession de stupéfiants.
Ce scandale fut à l'origine du rajout d'un amendement à la loi Perben, votée le 9 mars 2004. Cet article, adopté par l'Assemblée Nationale le 23 janvier 2004, prévoit que les détenus condamnés pour des atteintes à la vie ou des crimes sexuels pourront se voir interdire de diffuser tout ouvrage ou œuvre audiovisuelle portant sur l'infraction commise ainsi que d'intervenir en public.
Cette interdiction peut être prononcée soit dans le cadre d'une mise à l'épreuve assortissant la peine d'un sursis soit dans le cadre des mesures imposées lors d'une libération conditionnelle. Cependant, à l'issue du délai de mise à l'épreuve ou une fois que le détenu en liberté conditionnelle a purgé toute sa peine, l'interdiction est levée de facto.
Cette mesure est d'une portée limitée, ne s'appliquant pas aux personnes en attente de jugement ou aux condamnés toujours incarcérés. Elle témoigne néanmoins d'une prise de conscience sur un phénomène nouveau en France. Mais, au delà du débat traditionnel sur les droits des victimes, le plus dangereux dans ce phénomène est le risque de banalisation du meurtre. Un bon criminel ne fait pas forcément un bon artiste.