Entretien avec Isabelle Horlans
Publié dans Correspondances, interviews
Cela vient sans doute du fait que j'ai toujours été en quête de réponses sur les abîmes de ma propre personne. C'est peut-être également une sorte réponse à mes tragédies personnelles vécues dans mon enfance, une catharsis.
2: La curiosité fait-elle partie de votre démarche artistique ?
Oui, tout est lié. Bien évidemment, cet intérêt a une influence directe sur mes propres créations. En effet, le thème récurent de mes créations, c'est l’être humain. Il est au centre de tout dans mon œuvre. L'être humain, cet animal, face à lui-même et au néant inhérent que lui inspire sa propre condition existentielle.
Collecter les œuvres (Dessins, peintures, poèmes, etc...) de tueurs en série fait également partie intégrante de ma démarche artistique. Je les obtiens en entretenant des correspondances écrites avec eux et grâce à un réseau marginal particulier qui gravite autour de cet intérêt. Ces œuvres sont produites directement depuis leurs cellules de prison et élaborées avec les moyens du bord. Bien souvent brutes, mais parfois complexes et finement élaborées (Le temps ne leur manque pas), leurs œuvres sont parfois stupéfiantes et évoquent turpitudes, fantasmes ou des réflexions sur leur propre condition.
J’envoie souvent des photos de mes créations aux détenus avec lesquels je corresponds et j’ai de bons retours. J’ai même retrouvé, par hasard, sur un site de vente aux enchères de murderabilia une copie d’une de mes toiles reproduite maladroitement par Phillip Jablonski, un tueur en série Californien qui croupit actuellement dans le couloir de la mort à San Quentin. Déclaré psychopathe dès l'age de 14 ans, il a été reconnu coupable des meurtres de cinq femmes. Particulièrement sadique, il a énucléé certaines de ses victimes et a gravé au couteau sur leurs poitrines : ''I Love Jesus''. Il a aussi eu des rapports sexuels post-mortem avec ses infortunées victimes.