Entretien avec Isabelle Horlans
Publié dans Correspondances, interviews
La science a balayé les mythes et je pense que les tueurs en série sont devenus les croques mitaines d'aujourd'hui. Ils remplacent les vampires et les loups-garous du passé qui sont devenus des paraboles obsolètes ainsi que des métaphores révolues. Ils laissent une empreinte bien plus tenace dans l'inconscient collectif car le tueur en série peut être un voisin, un collègue de travail ou un membre de la famille. Il est partout et nulle part à la fois.
Aujourd'hui, autour du phénomène des tueurs en série, s'est construit une sorte de culture à part entière. Ils sont largement médiatisés et popularisés par des séries TV telles que Dexter ou par des personnages tels que le magnétique Hannibal Lecter ce qui contribue largement à véhiculer une image fantasmée du tueur en série. Beaucoup d'artistes s’interrogent également sur cette extrémité marginale de la nature humaine. Les tueurs en série inspirent des peintres, des cinéastes, des écrivains, des journalistes, etc... C'est toute cette dimension, dans son ensemble, qui me fascine.
8: Comprenez-vous les femmes qui s'éprennent de criminels qu'elles n'ont jamais vus "en vrai" ? Si oui, ou non, pourquoi ?
Je peux comprendre qu'il existe une sorte d'aura maléfique autour de l'archétype du tueur en série et que celle-ci peut intriguer voire fasciner. En revanche, les femmes qui tombent amoureuses de tueurs en série au point de désirer se marier avec certains me semble relever d'un lourd pathos. Bien souvent, ces femmes ont des blessures, des souffrances profondément enfouies et projettent beaucoup de choses... Il est important de préciser que ce ne sont pas systématiquement des femmes seules et instables socialement parlant. Certaines ont de bonnes situations financières et professionnelles, une famille et des amis. J'ai eu l'occasion d'échanger avec certaines de ces femmes dont l'épouse du tueur en série Elmer Wayne Henley aujourd'hui divorcée de lui.