Si le cinéma extrême a des vertus cathartiques, qu’en est-il du vrai, du real death, du shockdocumentary, des death files, en bref de tout ce qui se rapproche de la mort réelle et du snuff ? Est-ce que le « fictif » change radicalement la chose (bien que certains films purement fictifs dotés d’un réalisme inouï peuvent porter à confusion) dans l’influence apportée à l’esprit humain ? Est-une question de nuance ? 

 

Nicolas : Les shockumentarys s’adresse essentiellement à des gens qui ont un déjà un long parcours dans le cinéma d’horreur, et qui souhaitent passer à quelque chose de plus  » croustillant « . C’est là du pur voyeurisme, qu’ils soit assumé ou non. Le Voyeur de Michael Powell explore bien cette ambiguïté. Quelle est la limite, quand est-ce que le divertissement devient perversion ? Et en tant que consommateur de spectacles violents, cette question est-elle vraiment importante ? Les romains se posaient-ils ces questions sur les bancs du Colisée, quand ils regardaient des esclaves se faire déchiqueter par des lions ?

David : Les « real death » et autres vidéos mettant en scène des morts réelles plus ou moins gratuites ont pour vocation, encore une fois, de jouer sur notre notion de fascination/répulsion de la mort elle-même. C’est une mise en abîme de notre propre fin. En regardant les diverses morts de l’autre, c’est une potentialité à l’instar des réalités multiples de notre propre fin qui se dresse devant nous. Une partie de nous-mêmes est fascinée et en même temps effrayée. On peut également et facilement s’identifier aux bourreaux. Pour ma part, je trouve que c’est une sorte de pornographie de l’horreur qui se repose sur notre voyeurisme.