Interview pour "Sadique Master"
Publié dans Correspondances, interviews
Les différents meurtres offrent des pics dramatiques intenses, que l’on relie soit par le suivi de l’enquête policière, soit par un point de vue intimiste sur le quotidien du tueur (Portrait of a serial killer, Schramm, Maniac). Pour ce qui est du cinéma transgressif, il trouve de quoi alimenter son facteur choc par l’horreur même de certains faits divers. Le débat est de savoir si c’est la nature même des faits qui provoque l’effroi, ou la façon de les mettre en scène ? Le fait divers qui a inspiré Schizophrenia est sommes toutes assez banal, mais c’est le traitement qui lui est accordé qui fait de ce film une oeuvre hors norme. L’art qui transcende le réel, toujours et encore.
David : Si les tueurs en série n’existaient pas, l’industrie du cinéma aurait trouvé autre chose pour faire frémir les gens dans les salles ou leurs canapés. Je ne comprends pas trop le sens de cette question étant donné que l’homme est, par nature, une espèce violente qui auto-alimente en permanence ses propres fantasmes. Ces fantasmes prennent en partie racine dans la notion de pulsion de mort inhérente à chacun d’entre-nous qui elle-même semble liée à une sorte de masochisme primaire duquel il découle un certain plaisir… Masturbatoire ?
Je pense que les tueurs en série ont un impact très fort sur le conscient et l'inconscient des gens. Ils ravivent la peur d’être la proie mais aussi des fantasmes plus ou moins enfouis de prédations. Dans les films sur les tueurs en série, il y a le chassé et le chasseur. Libre au spectateur de s’identifier à l’un ou à l’autre. Néanmoins et c’est pour cela que ces films ont autant d’impact, le tueur en série est bien réel, c’est une réalité qui peut potentiellement frapper chacun d’entre nous un jour. Les faits divers sont-là pour nous rappeler quotidiennement à cette réalité. C’est pour toutes ces raisons que les tueurs en série du cinéma ne laissent personne insensible.