L'art des tueurs : pourquoi ?
Publié dans Correspondances, interviews
J’ai commencé à correspondre avec Patrick Wayne Kearney en mars 2010. Il m’écrit en français et cela simplifie grandement nos échanges. Nous discutons à propos de beaucoup de sujets. En revanche, comme avec la plupart des autres tueurs en série avec lesquels je corresponds, Patrick Kearney n’évoque jamais son passé criminel et les exactions qu’il a commise… Du moins de façon directe.
En revanche, son humour grinçant et son cynisme en disent long sur lui. Il fait parfois des petites allusions quand il me parle de cannibalisme tribal, comme par exemple que la chair humaine a le goût du porc ou du singe avec un petit smiley à coté… Nous nous écrivons surtout pour évoquer des sujets tels que la politique internationale, les sciences, la littérature, les criminels et affaires célèbres, etc. Les centres d’intérêts de Patrick Kearney sont nombreux, tout comme les miens. J’ai plus de 900 lettres de lui chez moi. Il ne se passe pas une semaine sans que j’en reçoive une.
De sa cellule, Patrick Wayne Kearney correspond lui aussi avec d’autres détenus. Il glane leurs adresses grâce à d’autres correspondants extérieurs. Ainsi, il a correspondu avec l’ex-dictateur du Panama, Manuel Noriega, les tueurs en série français Patrice Alègre, Francis Heaulme, Guy Georges et le Belge Marc Dutroux. Il a aussi correspondu avec le tueur d’enfants Britannique Ian Brady et l’assassin de Robert Kennedy, Shiran Shiran.
Bien évidemment, il écrit aussi à des criminels de son propre pays, les USA. Les détenus communiquent donc entre eux et s’échangent des adresses, des conseils pour gérer leur affaire ou les médias. C’est hallucinant quand on y songe. Il y a un véritable réseau. Naturellement et conformément à la réglementation, les lettres sont lues par l’administration. Hormis ça, ils sont dans la légalité.