Notre correspondance commençait à faire l'objet d'une censure et je fus informé qu'elle pouvait compromettre les possibilités de réinsertion du détenu. En vertu de l'article D.414 du code de Procédure Pénale, le directeur de l'établissement pénitentiaire pouvait interdire ma correspondance avec Francis Heaulme. L'administration m'invitait cordialement à éviter le thème du crime et des criminels célèbres dans mes courriers. Ainsi, un tueur en série ou tout autre type de détenu peut se nourrir de violence audiovisuelle, regarder des émissions liées au crime, mais n'a pas le droit de recevoir de la lecture abordant ce thème. Je trouvais cela contradictoire.

Un jour, je reçus finalement une convocation de la Gendarmerie m'invitant à me présenter dans leurs locaux. Ceci pour en savoir plus sur moi et mon intérêt pour les tueurs en série. Conscient des inquiétudes que pouvaient générer un tel intérêt, j'étais néanmoins au fait de mes droits et du caractère légal de mes correspondances. Je fus interrogé durant 4 heures et mis en garde sur le fait qu'une telle activité pouvait être dangereuse pour ma sécurité. Les gendarmes effectuèrent des photocopies de lettres de chacun de mes correspondants qui, à l'époque, étaient au nombre de huit.

Après avoir été prévenu que je risquais d'être souvent convoqué à la gendarmerie pour mes échanges avec Francis Heaulme, malgré la légalité de ma démarche, je décidais d'y mettre un terme. J'informais mon correspondant Patrick Wayne Kearney de cette interruption et lui demandais d'expliquer à Francis Heaulme les raisons de l'arrêt brutal de notre correspondance. Ce dernier lui fit part de sa déception mais il continua à demander de mes nouvelles à Patrick Kearney de temps à autre.